Femme du désert marocain

Les femmes nomades du Sahara

Aujourd'hui, je vous emmène à la rencontre d'Aïcha, une femme du désert si particulière à mes yeux. 

Il me tenait à cœur de faire ce portrait de femme du désert : Leur place dans l'organisation des tribus est primordiale, et centrale dans le cercle familial. Héritière d'une société matriarcale, la femme nomade sahraouie est depuis toujours "le point fixe" autour duquel s'articule la famille et la tribu.

Autrefois, le commerce transsaharien était l'activité des hommes. Les caravanes partaient des semaines entières, tandis que les femmes s'occupaient de la gestion des biens et de la tente. "C'est ce qui lui a donné sa force et son indépendance à la femme du désert".

Les tribus sahraouies au Maroc ont malgré tout subi des bouleversements importants ces dernières décennies, notamment du fait d'une sédentarisation en masse et de l'influence de l'administration marocaine. La vie d'Aïcha est ainsi faite d'un parcours éclectique.

 

Lors des treks dans le désert marocain, les femmes sont généralement absentes. Seuls les hommes du désert sont guides, chameliers ou encore cuisiniers. Il m'est apparu important de mettre les femmes en avant (1er article sur la coopérative de femmes du village), car elles sont de véritables supports indispensables au quotidien.

 

Femme du désert Maroc

Aicha (Da) et un de ses petits-fils à l'erg Lbour - Désert Maroc 2021


A la rencontre d'Aïcha, une vie nomade.

Une enfance dans le désert.

Il y a approximativement 70 ans... Aïcha est née au cœur des regs de la vallée du Drâa, le long des plateaux désertiques situé à l'Ouest de l'oued, d'une mère mauritanienne et d'un père marocain, tous deux sahraouies*, de la tribu Aarib. 

Par filiation, elle deviendra "Aarib**" et devra suivre les mêmes traditions régissant le quotidien de toutes les femmes sahraouies. 

  

Les femmes du désert : pilier de la famille, de la tente, de la tribu !

Son récit est semblable à celui de nombreuses femmes du désert. Les sahraouis étaient des nomades, ils vivaient sous tente, et leur quotidien était cadencé par les déplacements des troupeaux, toujours en quette de pâturages et d'eau. 

Depuis l'enfance, la vie était rythmée par le travail : s'occuper des troupeaux de chèvres, gérer l'approvisionnement en eau, organiser la vie du campement et plus tard prendre en charge l'éducation des enfants. Les hommes sont davantage préposés à l'élevage des dromadaires et au commerce.

Aïcha s'est mariée un peu avant vingt ans, tout en conservant son nom de famille afin de garder la lignée de son père. 

Chez les sahraouis, le mariage a pour finalité d'agrandir la famille (et la tribu) et de faire perdurer les traditions nomades. Se marier entre cousins est la norme.

La vie dans le désert était tournée vers l'essentiel, l'entraide et la foi. Les biens matériels étaient réduits au strict nécessaire (quelques ustensiles de cuisine, des couvertures, des tapis...). L'alimentation était peu variée (dattes, lait et viande de chèvre, lait et viande de dromadaire, galette...). Le superflu n'existait pas !

 

Quand on lui pose la question, Aicha préférait sa vie dans le désert, à sa vie au village.

Aïcha est la mère de Saïd. Elle n'a jamais été scolarisée, et ne sait ni écrire ni lire. Elle parle Hassanya, différent du Darija (arabe marocain) et de l'arabe classique. Ce dialecte, encore parlé dans le sud du Maroc, est transmis, génération en génération, uniquement par voie orale.

 

Au temps de la jeunesse d'Aïcha, la majorité des membres des tribus nomades étaient illettrés et le taux de scolarisation était très faible. Le langage parlé et sa précision sémantique était donc un élément essentiel pour la communication et la survie des traditions. La méthode ancestrale du " téléphone arabe " en était la parfaite illustration. Elle était utilisée au quotidien et montrait son efficacité dans l'organisation sociale et politique. Les messages oraux étaient apportés par les bergers, les caravaniers, ou d'autres voyageurs du désert. L'information circulait de campement en campement dans des laps de temps assez courts et les réponses ou les réactions aux messages étaient renvoyées de la même manière. La tribu pouvait ainsi entretenir des relations permanentes avec ses membres.

 

Femme du désert Maroc

 

Comme de nombreuses femmes de la tribu, Aïcha possède un savoir-faire inégalable :

  • Dans l'artisanat : de la fabrication des tapis et tentes Khaima en poils de chèvre.
  • L'élevage de troupeaux de chèvres, dont la traite, la récolte de la luzerne, la mise bas et les soins nécessaires.
  • Une connaissance étendue des plantes du désert et leur vertu thérapeutique.
  • Un sens de l'orientation "inné" qui lui permet de parcourir le désert de jour comme de nuit.
  • Une gestion fine des ressources dans ce milieu extrême (dont l'eau)
  • Un savoir culturel, transmis oralement de génération en génération : coutumes, contes, chants, histoires de la tribu, danse...
  • Un savoir géographie, climatique, zoologique...

Une sédentarité non prévue, mais un véritablement enracinement nomade

Les aléas de la vie ont mené Aïcha et ses 7 enfants à la sédentarité. Le décès du père et mari, et des années de grandes sécheresse ont eu pour conséquence la perte des troupeaux de dromadaires et de chèvres, puis l'appauvrissement de la famille. Dans le même temps, la politique du Maroc incitait à la sédentarisation, notamment pour la scolarisation des enfants.

Installée au village de Mhamid el Ghizlane depuis un peu plus de 15 ans, Aïcha est une femme d'une grande sagesse, souriante et patiente malgré les épreuves de la vie, pleine d'humilité. Son conseil et son avis sont toujours d'une infini justesse et très respectés par l'ensemble de la famille.

La mère est vénérée au sein des familles sahraouis, Aicha est devenue un repère indispensable au bien-être de ses proches. Aujourd'hui "retraitée", ses enfants ont pris la relève et s'occupe d'elle ! 

Aïcha est tout de même disposée à quelques tâches quotidiennes au sein de la maison : s'occuper des nouveau-nés et continuer l'élevage des chèvres.

 

*Sahraouie signifiant au sens large "originaire du désert".

**La tribu Aarib : Entre le XI et le XVI ème siècles, les nomades s'organisèrent en confédération tribale nomade pour faire face à l'insécurité, lié à la colonisation des arabes venues de l'Est. Actuellement les Aarib subsistent majoritairement dans la région du Drâa moyen entre Zagora et Mhamid el Ghizlane. La confédération est divisée en deux grands groupes, eux même subdivisés en 4 tribus chacun. Le groupe Gradba comprend les tribus : Oulad Bouden, Oirat, Zyoud, M'Rabtine. Le groupe N'Amna comprend les tribus Lgoissem, Nouaji, Lbadein, Oulad Rezeg. Le chef de la confédération nomade des AARIB, appelle CHEIKH siège à M'Hamid. Chacune des 8 tribus possède des représentants au grand conseil, appelés M'EKADAM. Ceux-ci sont consultés pour chaque décision particulièrement importante. Aujourd'hui encore, l'appartenance à une tribu est très importante. 



femme sahara nomade

Les secrets de beauté de la femme du désert

Un article sur la femme du désert doit nécessairement contenir une partie sur ses secrets de beauté.

La mise en beauté était exclusivement réservée à la femme mariée. Une coutume moins d'actualité aujourd'hui.

  • Le henné permet d'embellir la chevelure, les mains, les pieds et les ongles. Il a également des vertus thérapeutiques contre les champignons, les inflammations et la fièvre. Fabriqué à partir d'un mélange de feuilles, d'eau (et un composant acide, tel le citron), la pause du henné est un "indispensable" à la mise en beauté de la femme du désert. Les graphiques dessinés sur les mains et les pieds sont caractéristiques des tribus du désert (et totalement différent des tatouages aux hennés proposés dans le reste du Maroc)
  • Le Khôl composé d'une poudre minérale pour l'embellissement des yeux. Le Khôl permet aussi de protéger les yeux de la lumière du soleil et agit en tant que nettoyant de la carotide de l'œil.
  • Le Siwak, une plante originaire du Sahara est un soin de la bouche avec ses vertus antiseptiques et cicatrisantes. Il rend les dents plus blanches et élimine les impuretés dentaires.
  • Les nattes de cheveux. Véritable attribue beauté de la femme du désert, une coiffure traditionnelle est d'une importance capitale enjolivé par des bijoux colorés
  • Les bijoux traditionnels qui se portent aux poignets et aux chevilles
  • La tenue traditionnelle : Aïcha s'habille tous les jours avec le Melfha, la tenue traditionnelle des femmes sahraouies. Ce grand tissu fait d'une seule pièce dont elle s'enroule le corps, les cheveux et une partie du visage.
  • Il est également signe de beauté d'avoir quelques rondeurs et une peau laiteuse (non bronzé).

Source  : www.matricien.wordpress.com

 

 

 


Retrouvez nos voyages à pied dans le désert marocain à la rencontre des nomades du Sahara. 

Découvrez la vie de ces hommes et de ces femmes qui vivent dans le Sahara.


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Commentaires: 2
  • #1

    Marie (vendredi, 17 juin 2022 00:12)

    Un bel hommage !
    Nous avions partagé un doux moment avec une famille nomade en mars dernier. La barrière de la langue nous a empêché de découvrir la vie de ces femmes mais les échanges de regard et les sourires, étaient déjà un très beau cadeau de la vie ��

  • #2

    Solène (samedi, 18 juin 2022 12:50)

    A quand un voyage sororité avec des femmes du désert ????